Lucy Riddell, donatrice de longue date de Jeunesse au Soleil, a pu constater cette transformation de visu lorsqu’elle s’est portée volontaire pour aider une réfugiée nommée Corinne et ses deux fils jumeaux qui venaient d’arriver du Congo.
« J’ai passé beaucoup de temps avec elle. Nous sommes venus à Jeunesse au Soleil et j’ai été absolument stupéfaite par l’accueil chaleureux, le choix de la nourriture offerte (à la banque alimentaire) et le respect qu’on leur a témoigné », explique Mme Riddell. « C’est un endroit vraiment spécial. Il n’y a pas une seule fois où l’on vient à Jeunesse au Soleil sans repartir avec le sentiment qu’il s’agit d’un groupe de personnes exceptionnelles. »
Corinne a fui le Congo parce qu’elle craignait pour sa vie. Elle a laissé derrière elle sa fille aînée et son mari parce qu’elle ne voulait pas que toute la famille prenne le risque de faire le long et périlleux voyage vers le Canada.
« Quiconque pense qu’il s’agit simplement de monter sur un bateau et de se rend au Canada depuis l’un de ces pays est mal informé », déclare Lucy Riddell, qui décrit comment Corinne a dû traverser l’océan sur un bateau, sans savoir s’il atteindrait même l’autre rive. Elle a ensuite voyagé par voie terrestre, principalement en marchant dans la jungle et sur des terrains hostiles, avant d’arriver au Canada.
Corinne est arrivée au plus fort de la pandémie de COVID-19 et, plutôt que de rester isolée chez elle et d’accepter l’aide du gouvernement, elle a voulu aider les gens en première ligne.
Elle a dit : « Écoutez, je suis là. Je vais apporter ma contribution à la société qui m’a donné quelque chose », raconte Mme Riddell, qui décrit comment Corinne a travaillé avec des personnes âgées dans des maisons de retraite. Depuis, elle a vu sa demande de citoyenneté accélérée en raison de son travail et a reçu la bonne nouvelle que sa fille pourrait bientôt la rejoindre au Canada.
Aider les nouveaux arrivants fait partie de l’ADN de Jeunesse au Soleil depuis sa fondation en 1954 par Sid Stevens et le regretté Earl de la Perralle, explique la directrice des communications de l’organisation, Ann St Arnaud. Elle estime que 20 % des 90 000 personnes aidées par l’organisation en 2022 étaient nouvellement arrivées dans la ville. Les trois choses dont ce segment de la clientèle a le plus besoin sont la nourriture, les fournitures scolaires et les vêtements.
« Les vêtements chauds sont une nécessité pour les nouveaux arrivants en provenance de pays chauds qui ne sont pas équipés pour l’hiver », explique Mme St Arnaud. Le problème a été particulièrement aigu l’hiver dernier, lorsqu’un grand nombre de demandeurs d’asile sont arrivés à Montréal, ce qui a incité la Ville à réunir un comité d’urgence composé d’organisations communautaires, dont Jeunesse au Soleil faisait partie, pour lui venir en aide.
« Il y a beaucoup de gens à Montréal qui sont ici depuis des générations, et qui ne sont pas nécessairement en mesure de nourrir leur famille », explique Mme Riddell. Elle pense qu’il est important d’avoir un endroit comme Jeunesse au Soleil où ils peuvent venir et se sentir accueillis, mais aussi ne pas se sentir stigmatisés parce qu’ils reçoivent de l’aide.
La présidente du conseil de la Fondation R. Howard Webster Lucy Riddell est actuellement aussi coprésidente de la toute première campagne de financement de Jeunesse au Soleil, avec Claude Mongeau, ancien PDG du CN, aujourd’hui à la retraite. L’objectif de la campagne est de recueillir 14 millions de dollars pour construire non seulement un foyer permanent pour Jeunesse au Soleil, mais aussi pour pouvoir continuer d’offrir un avenir meilleur aux personnes comme Corinne ou aux dizaines de milliers de Montréalais qui ont besoin d’un coup de main chaque année.
Jeunesse au Soleil a besoin d’un nouveau bâtiment. L’organisation a dû quitter son ancienne demeure, l’école secondaire Baron Byng de la rue Saint-Urbain, en 2019. Depuis, elle opère dans un espace temporaire sur l’avenue du Parc. Les nouvelles installations seront situées sur le boulevard Saint-Laurent, en face du parc Jarry. Le budget pour l’ensemble du projet est de 31,5 millions de dollars, dont 6,5 millions proviennent de la Fondation Jeunesse au Soleil et 11 millions du gouvernement.
« La collecte de fonds est quelque chose que je trouve très difficile à faire et je pense que j’aurais probablement dit non n’importe à quelle autre organisation qui m’aurait demandé de l’aide. Mais Jeunesse au Soleil est une organisation très spéciale », déclare Mme Riddell.
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