En tant que bénévole pour la banque alimentaire de Jeunesse au Soleil, Anna Stabile est confrontée chaque jour au problème de la pauvreté à Montréal, et ce qu’elle voit, ce sont des personnes, pas des statistiques.
« Les personnes qui viennent à Jeunesse au Soleil viennent de tous les horizons », déclare Stabile. « Il y a de jeunes familles avec des enfants. Il y a des personnes âgées et pas mal d’étudiants. »
Infirmière à la retraite, Mme Stabile a commencé à faire du bénévolat pour Jeunesse au Soleil juste avant la pandémie de COVID-19. En tant qu’infirmière, elle a passé sa longue carrière à aider les gens, mais elle trouve que faire du bénévolat à Jeunesse au Soleil est encore plus gratifiant.
« J’étais infirmière et j’aimais ce que je faisais, mais cela restait un travail. Le bénévolat est différent. Personne ne vous pousse à le faire », ajoute-t-elle. « Vous êtes là parce que vous le voulez. Il est très important que les gens réalisent leur chance et qu’ils partagent cette chance avec ceux qui ont moins qu’eux. »
La plupart des personnes qu’elle rencontre à la banque alimentaire de Jeunesse au Soleil sont des nouveaux arrivants à Montréal, souvent des réfugiés qui ont peu d’argent et peu de ressources, et qui n’ont pas les permis nécessaires pour travailler au Québec.
« C’est peut-être l’une de leurs seules sources de nourriture et, compte tenu des loyers qu’ils paient aujourd’hui, j’ai du mal à croire qu’ils puissent joindre les deux bouts.
Mme Stabile explique que les gens semblent plus nombreux que jamais à venir à la banque alimentaire, et qu’elle y remarque des visages familiers. Au fil du temps, elle apprend à connaître leur histoire.
« Un jour, une mère et ses deux enfants revenaient chercher de la nourriture, et l’un des enfants m’a remis un petit dessin avec mon nom dessus : “Merci, Anna, pour ton aide avec la nourriture et les vêtements. Vous avez été très gentille avec nous.” J’ai été très touchée. »
L’imagination d’Anna ne lui joue pas de tours; la banque alimentaire est plus occupée qu’avant! Selon le dernier rapport annuel de Jeunesse au Soleil, de plus en plus de Montréalais sont gravement touchés par l’inflation et la pénurie de logements. En conséquence, le nombre total de bénéficiaires des services de l’organisation a augmenté de près d’un tiers l’année dernière, pour atteindre un peu moins de 90 000 personnes, contre 68 000 l’année précédente.
« Les temps sont durs, non seulement pour les familles touchées par l’état de l’économie, mais aussi pour toutes les organisations qui essaient d’aider la communauté et qui sont à bout de souffle », a déclaré Ernie Rosa, directeur intérimaire des services d’urgence de Jeunesse au Soleil. C’est très difficile pour nos employés et nos bénévoles de devoir dire : “Non, je suis désolé, nous n’avons plus de manteaux d’hiver, nous n’avons pas assez de vêtements”. »
L’activité est encore plus intense pendant le Temps des Fêtes, lorsque Jeunesse au Soleil se prépare à distribuer des paniers de Noël. La banque alimentaire reste ouverte sept jours sur sept pendant les semaines précédant les fêtes et des bénévoles de longue date comme Mme Stabile aident les groupes d’entreprises et d’autres personnes qui viennent prêter main-forte dans ce contexte de forte demande.
Selon Ernie Rosa, sans ses bénévoles, Jeunesse au Soleil ne serait pas en mesure de mettre en œuvre ses principaux programmes ou activités spéciales au profit de la communauté. Au cours de l’année écoulée, plus de 2 000 bénévoles ont consacré un total de 36 254 heures à l’organisation. La valeur de ce temps bénévole s’élève à plus d’un demi-million de dollars.
« Nous ne serions pas en mesure de servir tous ces gens si nous n’avions pas un grand nombre de bénévoles dévoués comme Anna, qui viennent chaque semaine », ajoute Rosa. « Pendant la période de Noël, un grand nombre d’entreprises viennent nous aider, et elles jouent un rôle essentiel, masis grâce à l’aide d’anciens professionnels comme Anna, qui nous donnent ces heures chaque semaine, nous passons au niveau supérieur. »
Ce qui motive Mme Stabile à faire du bénévolat, c’est simplement le désir de partager un peu de sa chance avec les autres. Elle pense que de nombreux Montréalais ne réalisent pas à quel point ils sont bien lotis.
« L’année dernière, plus de 19 000 personnes ont reçu des paniers de Noël de Jeunesse au Soleil », a-t-elle indiqué. « Ce nombre augmentera probablement cette année, car la situation s’aggrave partout. Ces personnes ont vraiment besoin de vous. Toute votre communauté a besoin de vous. »
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