En 1954, Sid Stevens et Earl De La Perralle, entourés d’une bande d’amis, fondaient ce qui allait éventuellement devenir Jeunesse au Soleil. Les débuts de l’organisme sont bien connus : malgré leur jeune âge, Sid et Earl (respectivement 13 et 9 ans) produisaient et louaient un journal de quartier manuscrit, The Clark Street Sun, une façon d’amasser des fonds afin d’acheter des chandails pour leur équipe de hockey. À l’époque, leurs matchs de hockey se déroulaient à la patinoire extérieure de Fletcher’s Field, où se trouve maintenant le terrain de football du parc Jeanne-Mance, au pied de la montagne.
Il y a beaucoup d’autres réalisations dont les gens ne sont pas au courant… Saviez-vous que la banque alimentaire de Jeunesse au Soleil fut la première du genre au Québec et la deuxième mise sur pied au Canada. À l’époque, on retrouvait beaucoup d’établissement de type “soupe populaire” mais du côté de Jeunesse au Soleil, on souhaitait permettre aux gens de recevoir de l’aide de façon anonyme et ainsi qu’ils puissent rapporter la nourriture à leur famille. Jeunesse au Soleil a aussi fait figure de proue dans l’aide aux victimes d’incendie en arrêtant des autobus de la ville pour accueillir ces victimes en attendant leur relocalisation. « Nous avons dû arrêter cette pratique lorsque le Maire Drapeau nous en a fait la demande, » confie le cofondateur Sid Stevens, « mais la ville a mis en place un programme afin de poursuivre ce service. »
Saviez-vous aussi que le fils de Jean Coutu, François-Jean, a représenté le Canada et Jeunesse au Soleil à un tournoi de basketball au Danemark? Dans les années 1970, Jeunesse au Soleil a organisé plusieurs échanges sportifs, notamment avec des joueurs de hockey de la Finlande et de la Suède. D’un point de vue aussi international, l’organisme a été également accueilli en 1987. « C’était la première fois que cette conférence était présentée à l’extérieur des États-Unis et la première fois qu’un Canadien y siégeait en tant que président (Earl De La Perralle), » se souvient la directrice générale de Jeunesse au Soleil Johanne Saltarelli.
Une chose est certaine, Jeunesse au Soleil sait très bien garder un secret. Il n’y a qu’à penser à Monsieur Vélo (Avi Morrow), le donateur que l’organisme a gardé anonyme durant près de 35 ans. Il en va de même pour les donateurs anonymes responsables des sommes d’argent offertes en récompense. Il y a aussi l’ancien Premier ministre Lucien Bouchard qui est venu pendant des années donner un coup de main pour les paniers de Noël le 22 décembre, jour de son anniversaire. «Il tenait absolument à offrir son aide loin du regard médiatique », se souvient la directrice des communications Ann St Arnaud. Nous en profitions toujours pour lui chanter “Bonne fête”.
Il y a soixante cinq ans, Sid et Earl ne se doutaient pas de ce que la vie leur réservait ou de ce qu’ils accompliraient. Le journal manuscrit qu’ils produisaient afin de financer des activités pour les jeunes défavorisés a cessé d’être produit une dizaine d’années plus tard, mais l’organisme qui en a découlé est aujourd’hui l’un des plus connus à Montréal.
En haut: Sid Stevens (à gauche) et Harry Friedman (à droite) travaillant sur le numéro du Clark Street Sun de janvier 1960. Jeunesse au Soleil est toujours en possession de la machine à écrire.