Le programme d’aide aux victimes d’actes criminels de l’organisme a permis d’aider plus de 40 victimes de proxénétisme.
Jeunesse au Soleil vient en aide aux victimes de criminalité depuis de nombreuses années. En collaboration avec les corps policiers ainsi que le Centre d’Aide aux Victimes d’Actes Criminels (CAVAC), l’organisme vient en aide aux personnes référées en « assurant leurs besoins essentiels quotidiens tels que la nourriture et des vêtements. Nous offrons parfois une aide financière afin de couvrir les dépenses liées au logement, l’Hydro et les billets d’autobus » explique Alex Vidal, superviseur du programme d’aide aux victimes d’actes criminels et de récompenses au département de prévention du crime de Jeunesse au Soleil.
En septembre 2006, la hausse du nombre de crimes violents et la tragédie du Collège Dawson ont inspiré Jeunesse au Soleil à créer, grâce à la générosité de gens d’affaires de Montréal, un fonds spécial dédié aux victimes d’actes criminels : « les cas typiques référés au programme sont des cas de crimes violents et autres crimes contre la personne tels que la fraude, la violence conjugale et l’exploitation sexuelle », mentionne M. Vidal. Il existe d’ailleurs un projet mis sur pied en 2010 par le Service de police de Montréal qui permet aux policiers ainsi qu’aux intervenants de milieux hospitaliers, communautaires et scolaires d’être mieux outillés afin d’intervenir adéquatement auprès des victimes d’exploitations sexuelles. Il s’agit du programme Les Survivantes – SPVM qui sensibilise également les victimes aux réalités de la violence et les informe des ressources disponibles pour les aider à sortir du milieu du proxénétisme. Dans le livre Pour l’amour de mon pimp, on explique qu’avec le projet, une nouvelle approche a été privilégiée, « les personnes prostituées ne sont plus perçues comme des criminelles, mais comme des victimes. (…) Tranquillement, elle (la victime) réalise qu’en acceptant l’aide du SPVM et celle de partenaires exceptionnels tels que les centres Jeunesse, Jeunesse au Soleil ou le (…) CAVAC, elle peut se sortir du milieu » (Diane Veillette, Josée Mensales et Guillaume Corbeil, Pour l’amour de mon pimp, p.14, SPVM, éditions Publistar). La contribution de Jeunesse au Soleil au projet Les Survivantes est d’aider ces personnes à se rebâtir une vie normale.
Depuis le début du programme d’aide aux victimes d’actes criminels, c’est plus de 40 victimes de proxénétisme qui ont reçu l’aide de Jeunesse au Soleil. L’une d’entre elles est Laurence (prénom fictif), victime d’exploitation sexuelle. Elle travaillait dans une institution bancaire lorsqu’elle a fait la rencontre d’un homme qui lui avait promis une vie de rêve. Cet homme qu’elle aimait s’est avéré être un manipulateur et c’est ainsi que la descente aux enfers de Laurence a commencé. Elle explique: « avec le temps, les abus et la violence ont commencé (…) j’avais perdu beaucoup d’argent, j’avais un attachement fort pour cet homme, c’était très difficile pour moi de m’en sortir. J’avais honte de ma situation, de ma personne. Je me sentais comme un poids pour le monde (…) je me suis perdue là-dedans ». Suite à un événement particulièrement violent, craignant pour sa vie et avec le soutien de sa famille, Laurence a dénoncé l’homme aux policiers. Grâce à son témoignage, d’autres femmes se sont manifestées : « j’ai ouvert un cas qui a permis à d’autres personnes de venir avec leurs histoires. J’ai commencé une chaîne » explique-t-elle. Lorsqu’on accepte de participer à une enquête des crimes majeurs, plusieurs intervenants du milieu communautaire sont présents tout au long du processus. C’est par l’entremise de son agent du CAVAC que Laurence a entendu parler du programme d’aide aux victimes d’actes criminels de Jeunesse au Soleil. C’est en avril 2017 que les membres du département de prévention du crime de l’organisme ont pris contact avec elle pour lui offrir un rendez-vous, « on m’a vraiment accordé l’aide maximum qui était possible, pas juste une fois, mais à plusieurs reprises. Je me suis sentie soutenue. On m’a pris comme j’étais, sans jugement. Ils ont été empathiques et compréhensifs », raconte Laurence. L’aide qu’elle a reçue de Jeunesse au Soleil lui a donné la force de reprendre sa vie en main, « avoir vu des gens qui passent leur vie à essayer d’aider les autres par conviction m’a fait réaliser que ça prend plus de gens comme ça ». Certaines victimes d’exploitation sexuelle préfèrent parler de leurs expériences et ainsi d’en faire un outil de prévention. Laurence a fait ce choix, celui d’aider les autres sans juger. Pour cette jeune femme, avoir cette chance est une belle réalisation. Par son cheminement et sa force, elle est aujourd’hui une femme en processus de reconstruction. Elle a d’ailleurs entrepris des démarches pour retourner à l’Université en septembre prochain. « Si tu es bien soutenue et que tu as un bon système de support, il y a un moyen de s’en sortir », conclut-elle.
Dans la foulée du mouvement #MoiAussi, Jeunesse au Soleil est fière de pouvoir venir en aide à des femmes qui ont le courage de se sortir d’une situation intenable. Ce qui motive l’organisme encore après 64 ans, c’est le désir d’améliorer la qualité de vie de ses clients et ainsi contribuer à faire une différence quelque soit leur situation.
Alex Vidal de Jeunesse au Soleil qui rencontre une victime de crime dans les locaux de l’organisme. Photo: Nicolas Carpentier.