Le personnel et les bénévoles de Jeunesse au Soleil forment aujourd’hui une véritable mosaïque culturelle.
Le paysage culturel de Jeunesse au Soleil a évolué au même rythme que celui de la ville de Montréal depuis la fondation de l’organisme en 1954.
Cette histoire se déroule aux abords du Boulevard Saint-Laurent, la Main comme on l’appelait à l’époque. Pendant longtemps, cette importante artère a fait office de méridien entre l’Est et l’Ouest de la ville, séparant d’une part les francophones à l’Est et les anglophones à l’Ouest. Au milieu se retrouvaient les populations issues de l’immigration, en grande partie de l’Europe de l’Est et plus particulièrement des gens de confession juive. Ces derniers s’établirent aux abords du Boulevard, d’abord au Sud, où se trouve maintenant le Quartier Chinois, pour ensuite migrer vers le Nord, formant ainsi le Quartier juif de Montréal dans le quadrilatère de la rue Clark, des avenues Du Parc et de l’Esplanade et, bien entendu, du boulevard Saint-Laurent. La langue prédominante était alors le Yiddish, que l’on parlait dans les nombreuses manufactures de vêtements qui bordaient la Main et qui composaient la principale industrie de ce quartier ouvrier.
Jeunesse au Soleil, dont l’édifice se trouve actuellement dans ce quartier, a été témoin des changements démographiques qui ont suivi. L’organisme a d’ailleurs été fondé par un groupe d’amis dont la majorité était d’origine juive. Ces jeunes défavorisés habitaient tous dans le quartier, près de la rue Clark. La situation économique difficile de leurs parents et le peu d’activités de sport et loisirs qui s’offraient à eux dans le voisinage les encouragèrent à fonder leur propre club social et à en assurer le financement par la création d’un journal de quartier, le « Clark Street Sun ».
Au milieu du 20e siècle, de nombreux Juifs quittèrent le quartier, remplacés par une forte vague d’immigration portugaise, créant le Quartier portugais de Montréal. Parallèlement, les immigrants italiens formaient la petite Italie un peu plus au nord de Saint-Laurent et les Montréalais d’origine grecque établissaient des commerces le long de l’Avenue du Parc. Ces nouvelles communautés à proximité vinrent enrichir les rangs de Jeunesse au Soleil, la diversité culturelle au sein des membres de l’organisme étant de plus en plus grande.
Depuis 1980, l’organisme occupe l’édifice de l’ancienne école secondaire Baron-Byng, sur la rue Saint-Urbain entre les rues Rachel et Marie-Anne. Longtemps connu sous le nom de « The Sun Youth Organization », l’organisme adopta sa dénomination francophone, Jeunesse au Soleil, se faisant ainsi le reflet d’une augmentation de l’immigration en provenance de pays francophones et de la francisation graduelle de la ville de Montréal.
Le personnel et les bénévoles de l’organisme forment aujourd’hui une véritable mosaïque culturelle : se côtoient des gens de l’Amérique du Nord, de l’Amérique du Sud, de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique. Qu’ils soient de confession juive, catholique, musulmane ou autre, tous et toutes ont en commun le désir d’aider les autres. Cette diversité et cette ouverture à l’autre représentent bien la ville qu’est devenue Montréal au fil des 375 dernières années.
Il y a cinq mois, Nour Utayim quittait la Syrie afin de venir s’établir au Québec. Depuis, elle s’est jointe à la grande famille de Jeunesse au Soleil en tant que patrouilleuse à vélo. Il s’agit de son tout premier emploi au Québec.